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  Klaus Schulze - The KS Story (in French) - Part 3  



Le 26 août 1983 il me rendit visite à Berlin et me raconta cette « vente » d'IC. En plus il comptait créer une nouvelle maison de disques, mais cette fois « seulement » pour de la pure Musique Électronique. Les semaines qui suivirent, je ne pus le convaincre de ne pas toucher à ce genre de business, en lui expliquant simplement que les revenus éventuels étaient incertains, mais les coûts bien définis. Les premiers étaient faibles, les seconds étaient importants, bien sûr. Je suppose qu'il ne lut ou ne comprit pas ces simples calculs, qui lui disaient que sa nouvelle compagnie ferait faillite en six mois. Du moins, en ce qui me concerne, je refusai de participer à la fête. Inteam était une honnête entreprise Schulze-Bloss. Au printemps 1984, les quatre premiers albums d'Inteam sortirent. À cette époque, Klaus reprit les deux employés de l'ancienne époque d'IC, le comptable chantant du rock et le fiable Klaus Cordes. J'aidai aussi, depuis Berlin, principalement pour la promotion ; de concert avec le comptable loyal, je pouvais éviter le pire des agissements parfois étranges de KS & Bloss. Pour réunir de l'argent pour faire tourner Inteam, je soutins l'idée que Klaus signât à nouveau avec Metronome, ce qu'il fit. Mais le contrat avait été mené par Rainer Bloss, et cela s'est vu. Je suppose qu'il ne l'avait même même pas lu, était complètement ivre ou qu'il n'en avait pas compris un mot. Plus tard je repris le contrat. Qu'une compagnie propose de tels contrats devrait être appelé un crime. Qu'un artiste et homme d'affaire le signe sans essayer d'en changer les pires aspects, devrait le conduire dans une maison de fous.

L'ensemble est éloquent sur l'état d'esprit de Klaus (et de Rainer) durant cette période de 1984 à avril 1987. Ce fut la période la plus terrible de mon travail pour et avec mon ami Klaus Schulze.

Bien sûr, il y a toutes sortes de raisons pour qu'un homme commence à se droguer, ici, la pire de toutes (parce qu'elle est acceptée et donc a une image inoffensive) : l'alcool. Je sais maintenant que c'est une maladie, et pas marrante du tout. Cela ne vient pas du jour au lendemain, pour que tout le monde puisse le voir et agir contre ça. Le fait que l'alcool est plus ou moins accepté dans notre société complique les choses pour qui veut aider. Celui qui veut aider passe trop facilement pour un imbécile (ce qui m'arriva à nouveau dix ans plus tard avec d'autres musiciens et amis lourdement alcooliques). C'était affreux. Klaus était hors d'atteinte. Parfois, il écoutait, mais semblait ne pas comprendre. Il faisait tout de travers, si encore il faisait quelque chose. Il me mentait. Il n'éprouvait aucun intérêt pour sa création Inteam. Il ne répondait pas aux conseils ou aux propositions d'aide. Les factures n'étaient généralement pas payées mais jetées. Idem avec des lettres importantes d'avocats ou du tribunal. C'était toujours la faute des autres. Aucuns contrats n'étaient faits avec les artistes que KS et Rainer voulaient produire, ou même avaient produit (comme Ernst Fuchs). Des promesses étaient faites mais non tenues. Le « bureau » n'était que chaos. Apathie, résignation, irrésolution, intelligence en sommeil, voilà ce que je vis et observai. Les deux employés avaient claqué la porte, ils se sentaient floués et l'étaient sûrement, parce que la société n'avait aucuns revenus. Un bref instant, un personnage fort douteux des quartiers chauds de Frankfort fut engagé comme responsable d'Inteam.

Rainer Bloss dirigeait les finances de leur entreprise commune Inteam (au moins, lui et sa famille vécurent bien ces années-là). Schulze se couvrit de dettes. De plus en plus. Peu avant que la compagnie ne s'effondrât finalement, je rendis visite à Klaus. Comme il était toujours au lit et peu désireux de quitter son nid douillet avant le soir, je parlai (encore) longtemps avec sa petite amie Elfie des quelques possibilités pour l'aider. Je mis la main dans le bureau de Schulze – dans les endroits les plus improbables – sur des factures impayées à Inteam pour un montant de 30 000 DM, et une autre facture de 30 000 DM impayée adressée à KS en personne. Par hasard, Bloss téléphona juste à ce moment-là de Berlin et essaya de dire à KS de son air joyeux habituel, qu'Inteam n'avait pas d'obligations, que les comptes étaient équilibrés … et il parla encore de bâtir d'autres châteaux en Espagne, jonglant avec des millions (!) de DM qui n'existaient pas. Et je ne blague ni exagère ici !

Après un concert de Schulze dans une église à Berlin en 1985, il était convenu qu'Andreas Grosser et moi emmenassions Klaus à dîner. Quand le concert fut fini et que la majorité du public eut quitté l'église, Klaus vint sur le devant de la scène. Une bouteille de whisky à moitié vide à la main, et, oh mon Dieu, ses yeux… Je regardai dans ses yeux, et j'y vis ce que j'espère ne plus jamais voir de ma vie, nous fîmes demi-tour et partîmes dîner sans un Klaus Schulze très malade.

Avant le concert, j'avais déjà vu et parlé dans les coulisses avec Claus Cordes, qui s'occupait d'une partie de la technique. Il savait, et il avait seulement secoué la tête en signe d'impuissance. Puis je vis le régisseur de tournée qui n'aurait pas déparé dans n'importe quel groupe de heavy metal avec ses vêtements en cuir noir, et sa façon de parler et probablement sa conscience. Je sympathisai avec Claus Cordes.

En avril 1987 Inteam fut officiellement déclarée en faillite. Enfin ! Bloss fut finalement renvoyé chez lui, pour gagner son argent maintenant pour de vrai et avec son propre travail, et Klaus partit dans un hôpital suisse. Depuis lors il remonte la pente ; à partir de 1990 jusqu'à aujourd'hui (1996) Klaus a atteint un nouveau sommet musical et commercial. Le visage de Bloss aujourd'hui est celui d'un vieil homme, et Schulze a pris du poids. C'est ce qui reste de cette époque. Nous avons également des disques de KS, pas ses meilleurs, mais étonnamment bons en regard de son état d'alors.

« Oh Demon Alcohol » (The Kinks).

Quelques années plus tard, Klaus Schulze parla très ouvertement avec un journaliste américain de ces années de maladie, et le tout fut diffusé et imprimé, aussi je me sens libre d'écrire aussi à ce sujet. D'ailleurs, cela m'a grandement affecté, j'ai été certainement plus touché que ce journaliste américain. De plus, je montrai à Klaus en décembre 95 les pages ci-dessus, et il donna son aval.

Klaus fit son premier album « sobre » à l'automne 1987 : En=Trance, un double LP, pouvant tenir sur un seul CD. Le meilleur morceau (qui fut cette année-là numéro un dans un sondage d'une radio allemande !) fut enregistré d'une traite, quasiment « live » dans la nuit qui suivit la soirée de son 40ème anniversaire.

À l'automne de cette année – 1987 – j'invitai Klaus à voyager ensemble à Amsterdam, pas uniquement parce que je voulais acheter des disques de jazz des années 60 à un disquaire d'occasion spécial, mais pour assister à un spectacle de la compagnie « Elisa Monte Dance » de New York, qui dansait sur un morceau de musique de Klaus Schulze, et qui en voulait plus encore, spécialement composée et enregistrée par Klaus. Amsterdam fut merveilleux, le disquaire me vendit les albums des années 60 que je voulais depuis longtemps, et la compagnie « Elisa Monte Dance » put parler avec Klaus. Klaus fut même invité à rendre visite à la compagnie de ballet chez eux à New York, ce que Klaus fit avec plaisir, début février 1988.

J'avais arrangé des interviews aux USA, et le court voyage à New York fut très réussi. Klaus me raconta une histoire très longue et humaine à propos d'une rencontre fortuite dans le hall de l'hôtel Chelsea de New York avec un collègue plus âgé, Richie Havens et des discussions qui s'ensuivirent. Oui, celui qui avait fait l'ouverture de « Woodstock ».

Plus tard, Klaus fit en effet de la musique spécialement pour le ballet, mais ce n'était pas exactement ce dont les américains avaient besoin, ou alors la musique avait été envoyée trop tard par KS, ou quoi que ce soit d'autre… Elle ne fut pas utilisée, et le contact se rompit. Je crois de toute façon que de tous les arts, le ballet est le plus curieux. Je regrette seulement de n'avoir pas pu être témoin oculaire et auditif dans le hall de l'hôtel Chelsea…

À l'été 87 Klaus avait commencé à produire le célèbre groupe pop allemand Alphaville. Cela arriva par hasard. Notre ami Andreas Grosser qui donnait un coup de main dans tous les studios de Berlin, emmena Klaus dans le studio d'Alphaville, et il se révéla que les membres du groupe étaient de vieux fans de Klaus. L'un d'eux était disc jockey dans un club de l'Allemagne de l'Ouest, quand Klaus y avait donné un concert en 1975.

Alphaville était au milieu du mixage d'un single, et Klaus leur montra une ou deux choses. On lui demanda alors s'il avait du temps pour aider un peu plus, et en fin de compte il était devenu co-producteur et travailla sporadiquement dans le studio d'Alphaville au cours des 18 mois suivants. Il en résulta l'album The Breathtaking Blue avec un son d'ensemble super et l'empreinte de Schulze, mais sans aucun tube, ce qui est une nécessité sur ce marché de la pop. De toute façon, je doute que toutes les ventes de CD réunies des joueurs de synthé arriveraient au niveau de ce CD de pop, quand bien même il n'eut pas le succès qu'il méritait.

Après bien des années d'essais infructueux, à l'été 1988 mes relations avec les médias et la radio de l'autre partie de l'Allemagne se montrèrent finalement sous des jours plus radieux. Par conséquent, KS et moi visitâmes Berlin Est – KS pour la toute première fois de sa vie ! – et Klaus donna une longue interview à un sympathique et sérieux animateur de radio, qui avait son propre petit programme de musique électronique. Cette interview fut diffusée en plusieurs fois, jusqu'à ce que l'État et la radio disparussent pour des raisons sans rapports avec la musique.

L'album solo suivant pour Metronome, Miditerranean Pads, fut livré par Klaus en septembre 1989, mais sortit seulement cinq mois plus tard, sans aucune explication pour le délai de la part de la compagnie.

Grâce à mon contact avec la radio de l'Allemagne de l'Est nous fûmes invités à faire un concert dans un magnifique endroit en plein air, construit comme un amphithéâtre grec, à Dresde, en août 1989. Une fois passés les habituels et notoires problèmes de douane (il n'était pas permis de transporter des ordinateurs à l'Est, c'est ce que disait l'Ouest à cette époque ! …et l'Est craignait tout ce qui venait du diabolique Ouest, sauf son argent), nous voyageâmes jusqu'à Dresde, un jour avant le concert proprement dit. L'hôtel de Dresde était plus cher qu'aucun hôtel comparable de l'Ouest, mais il était payé pour nous par l'organisateur. (Qui, à propos, déduisit plusieurs centaines de Mark pour la société des « droits de représentation ». Quatre ans plus tard je les réclamais toujours, en vain. Ils sont obligés de les donner au compositeur KS et à moi l'éditeur, mais nous n'en avons jamais vu un centime. Les bandits !). À l'aube du jour du concert, j'entendis depuis mon lit d'hôtel le bruit déprimant de la pluie ! Ah, merde. La journée et le concert étaient gâchés. Pensai-je. Quand je me fus levé et que j'eus regardé par la fenêtre, je ne vis pas de pluie ? ! À la place, il y avait une énorme fontaine devant l'hôtel, qui produisait ce bruit de pluie. La journée entière fut magnifique, chaude et ensoleillée. Nous nous installâmes, nous nous fîmes des amis et nous passâmes un merveilleux moment. Avant la prestation de KS, trois groupes jouèrent en première partie, dont deux groupes de l'Allemagne de l'Est. Un des groupes joua « à la KS », et je vis et entendis la réaction frénétique du public, alors je sus : c'était du public Schulze. Le trio est-allemand Pond fit une annonce qui comprenait quelques mots émouvants sur la chance d'être sur la même scène que leur héros, Klaus Schulze. Cela me fit presque pleurer. C'est dommage que Klaus ne pût l'entendre ; il était toujours à l'hôtel. Merci, Wolfgang de Pond.

Klaus en tant que tête d'affiche commença très tard, après 22 heures. Il fit une brève annonce, et il me surprit même avec cela. Non seulement il dédicaça les deux morceaux à la ville de Dresde en les appellant Dresden 1 et Dresden 2, mais il les joua à la mémoire de deux de ses amis, qui dit-il étaient morts récemment dans de tristes circonstances : Bernd Meyer (qui n'était pas un musicien), et Walter Bachauer. Je suis encore ému alors que j'écris cela plusieurs années après.

Inutile de préciser que le public attentif prit plaisir et aima ce que Klaus joua. Les 6 800 spectateurs. Comme Klaus avait commencé à jouer si tard, il était presque minuit quand Dresden 2 se termina. Du matériel était éparpillé dans les coulisses et tous ceux qui s'appuyaient dessus réalisèrent que le dessus en était déjà fort humide. Le théâtre était situé au milieu d'un immense parc, et l'humidité, ainsi que la fraîcheur nocturne devenaient désagréables. Par conséquent : pas d'« encore ». Le public se hâta, après ce second morceau de Klaus, de quitter le froid et l'humidité. En plus, et c'était certainement le problème principal de la plupart des gens : ils devaient attraper les derniers bus et trains (!), parce qu'ils venaient de tout le pays. Plus tard, quelqu'un de British Virgin Records qui n'avait jamais vu Dresde, écrivit quelque chose sur des restrictions de la police qui avaient obligé KS à arrêter le concert. Absurdités ! Je me demande, encore et toujours, pourquoi les gens dans l'industrie du disque doivent dire et écrire des conneries, alors que la simple vérité est déjà assez sensationnelle. Il n'y avait pas de restrictions, et je ne vis aucun policier ni autre personnage officiel pendant nos deux journées à Dresde.

De retour à l'hôtel nous rencontrâmes une poignée de fans qui étaient venus de toute l'Europe pour voir Klaus Schulze jouer dans cet endroit merveilleux, après 4 années et demi sans concerts. Je surpris un des fans. Quand il se présenta par son prénom, je pus immédiatement dire son nom de famille et d'où il venait. Il avait déjà écrit pas mal de fois, et j'avais répondu si souvent que je connaissais son nom et son adresse par cœur.

Les journalistes de l'Allemagne de l'Est à Dresde étaient plus professionnels, mieux informés, plus polis et plus civilisés que l'engeance que nous connaissions à l'Ouest. Les écrivains (rédacteurs) de l'Allemagne de l'Est voient leur travail comme une profession, ceux de l'Ouest prennent leur profession juste comme un travail. Une histoire idiote à propos d'un concert, il y bien longtemps à Hambourg (Allemagne de l'Ouest), me revient en mémoire. Après le concert, la maison de disques nous invita avec la presse dans un restaurant (très certainement une pizzeria). Le crétin du célèbre journal allemand Bild nous demanda (oui, vraiment !) : Combien de volts votre équipement a-t-il ? (J'ai déjà raconté cette histoire quelque part au dessus)

Ou si je pense à toutes les informations idiotes ou fausses dans un article de février 93 dans le journal anglais Sound On Sound… Ou à l'annonce d'un concert dans un journal de Cologne, disant que Klaus Schulze chante des chansons de méditation à 20 heures… avec en prime une petite photo sous-titrée avec encore les mêmes mots : Klaus Schulze chante…. Ou au critique qui mentionne un Wurlitzer (un jukebox) qu'il a entendu pendant que KS jouait, le même qui ronchonne contre le look étrange du jeune (!) public. Ou encore la critique d'un concert qui n'avait pas eu lieu (si, si !). Ou, en mai 1993, à ce journaliste de la radio allemande – qui écrivait depuis 25 ans sur la scène rock allemande – qui avait eu par moi toutes les informations sur KS, il l'avait en plus interviewé longtemps, mais il présenta alors Klaus dans son programme comme un artiste faisant des opéras rock extravagants dans toutes les grandes églises à travers l'Australie et les USA. Sérieusement ! J'ai l'enregistrement !

Les enregistrements des concerts de Dresde furent édités plus tard sur deux CD, avec des enregistrements studio additionnels.

Klaus Schulze 1989

Après Dresde, j'eus une de ces nombreuses demandes d'aide. Cette fois c'était un musicien californien, propriétaire de son label, Walter Holland, qui avait eu l'idée de faire un CD sampler en hommage à Dalí. Ce qu'il nous écrivit était sensé, respectueux et semblait honnête. Cela faisait trois raisons d'être d'accord. Par chance KS était libre de tout contrat d'enregistrement pour quelques semaines, il put donc faire ce qui devint le morceau The Face of Mae West sur la compilation Dali : The Endless Enigma.

À propos de la Californie, je reçois régulièrement beaucoup de lettres de la part de fans, de journalistes. Et d'artistes. Parce que je les lis très consciencieusement, y réponds, et quelquefois j'entame des débats, et ce depuis plus de vingt ans (depuis : plus de 30 ans), j'ai découvert ce qui suit : chaque pays ou région, chaque catégorie de personnes, ont tous leurs spécificités. Chaque fois qu'une telle lettre est écrite et envoyée par un Californien, cela conforte l'image que j'ai des gens qui vivent dans cet état américain ensoleillé : ils semblent tous être aliénés, à une ou deux exceptions près. En conséquence, j'utilise le terme « Californiens » en tant que blague récurrente, comme un synonyme de cinglés. Sans que cela me surprenne vraiment, beaucoup d'américains des autres états des USA sont d'accord avec moi. Les Red Hot Chili Peppers ont même sorti un tube Californication.

Juin 1991 vit la sortie de l'album suivant de Klaus Schulze : Beyond Recall. Un titre pertinent pour cette production, bien que KS se sût pas, quand il avait choisi ce titre, que ce devait être aussi le dernier album qui fut également disponible en vinyle, à jamais « beyond recall » (mais qui sait…)

Au début de 1991, nous reçûmes une proposition pour donner un concert en plein air devant l'immense cathédrale de Cologne, dans le cadre d'une sorte de festival culturel ; le même jour vit deux autres groupes « électronique » dont Ashra avec nos vieux camarades Manuel Göttsching et Harald Grosskopf.

Klaus Schulze 1991

Ce ne fut pas facile de traiter avec l'organisateur de ce concert, il ne semblait pas très intéressé par l'événement, les artistes ou leur musique. Je trouvais cela tellement irritant que j'appelai un autre organisateur que je connaissais de longue date, pour lui demander ce qu'il savait de cet homme. C'est un connard fut l'information que j'obtins, et cela correspondait parfaitement à mes propres impressions. Je me rendis à Cologne avec Ashra, KS vint de son côté. J'aidai les deux, Ashra aussi bien que Klaus.

Pendant la dernière (la principale) partie du concert, qui était la prestation de KS, soudainement, les gens de Cologne qui s'occupaient de la scène démarrèrent un misérable « Disco light show » de lumières clignotantes. – bien que je leur eusse dit au préalable de ne pas toucher aux lumières. L'organisateur avait même demandé quelques semaines auparavant, quel genre de spectacle lumineux nous voulions, et je lui avait expliqué : pas de « spectacle » de lumière du tout ! Nous voulons que ce soit simple, discret, comme nous le faisons depuis de longues années, juste deux couleurs, et peut-être un changement seulement sur toute la durée du concert. Et voilà que pendant le concert, ils essayaient de perturber KS et sa musique avec ces jeux de lumières superflus et puérils. Je me précipitai sur le responsable pour lui dire d'arrêter, et il arrêta. Jusqu'à… jusqu'à ce qu'un patron de la radio locale (qui enregistrait le concert) surgît de nulle part, et trouvât l'atmosphère peut-être trop monotone, qui sait ?… en tout cas, il dit au pauvre technicien de faire quelque chose avec les lumières. Ce « spectacle » clignotant reprit de plus belle. Je dus crier après ce patron de radio pour le virer de la scène…

C'est seulement plus tard que j'appris (par des critiques dans le journal local qui avaient regretté l'absence d'un bon spectacle de lumière) que l'ensemble de l'événement était en fait et depuis longtemps annoncé comme un spectacle « son et lumière » !!! Personne n'avait pris la peine de nous en informer ! Et pourtant je lui avais même demandé avant ! Qu'était la définition de mon ami pour cet organisateur, déjà : …connard ? C'en était bien un.

Ce concert ne fut pas seulement enregistré et partiellement retransmis par la radio locale, mais il fut aussi enregistré par Klaus directement de son mixer sur son enregistreur numérique. Ce morceau de musique de plus d'une heure sortit plus tard sous le titre The Dome Event comme le troisième volet d'une trilogie de CD d'enregistrement live par Klaus Schulze. Les deux autres CD contiennent les enregistrements de son concert en solo à Londres, quatre mois après le concert de la cathédrale.

Pour ce concert de Londres au sérieux Royal Festival Hall nous voulions initialement une première partie, et je pensais au pianiste soliste Hans-Joachim Roedelius, ce qui eût été parfait musicalement. Et je l'appréciais personnellement. Mais Roedelius n'avait de soutien d'aucune grande compagnie de disques, aussi nous aurions dû payer le cachet de Roedelius et ses autres frais, ce qui était finalement excessif, et je dus téléphoner à Hans-Joachim sur son lieu de vacances pour lui dire : Désolé, bonne idée, mais : pas de chance.

Un mois après notre concert sans anicroches à Londres, nous allâmes en Espagne pour faire cinq concerts, qui étaient très bien payés, nous voyageâmes de ville en ville toujours en avion… Je me demande pourquoi l'organisateur avait fait ça ? Avait-il de l'argent à blanchir ? En plus, il nous attribua ce qu'il appelait un « régisseur de tournées », qui prenait également des billets d'avion pour aller de ville en ville (ce n'est pas donné). Comme j'avais été moi-même régisseur de tournées (voyez la première partie de l'histoire), je peux dire que ce « régisseur de tournées » était tout, et tout particulièrement un homme bien habillé avec d'élégantes lunettes de soleil, sauf un régisseur de tournées. Nous ne le vîmes que dans les aéroports, en tout cas. Il n'était d'aucune aide – et nous avions besoin d'aide de toute urgence car aucun espagnol ne parlait une autre langue que l'espagnol (!) Pas même le français. Même les employés dans ces magnifiques et énormes salles de concerts internationales ou nous jouions ne parlaient pas un mot d'anglais, de français, d'italien, d'allemand. Je me demande ce qu'il font quand ils ont l'orchestre philharmonique de New York, et que chaque musicien demande où sont les toilettes, les vestiaires, ou comment trouver un téléphone, changer de l'argent, le chemin vers le bar, où est l'organisateur, où est la lumière et beaucoup, beaucoup d'autres nécessités techniques. Probablement qu'ils sont plus malins que nous et voyagent avec leur propre interprète ? Un de nos roadies allemands voyageait avec des troupes de théâtre. Et il nous dit qu'il n'avait jamais assisté à un tel manque de professionnalisme avec des gens de scène comme en Espagne. KS dit à la fin du dernier concert (où il avait failli être tué par la chute d'une rampe d'éclairage, et que j'avais failli tuer le responsable, un machiniste espagnol bourré) : La Russie ne pourrait être pire (извинить -pardon- à tous les Russes. -kdm). Le bon côté : le temps, les salles de concerts, 4 des 5 organisateurs locaux, et enfin et surtout : le public, tous furent extraordinaires.

L'un après l'autre, les trois albums « live » furent édités par Virgin, plus ou moins mondialement, et tous trois furent très bien reçus. Les critiques du monde entier, et les lettres privées de fans, étaient plus que positives. Une seule critique fut négative. Très durement négative, au point que – que pour la première fois – je ne trouvai pas nécessaire de réagir.

Autour de cette période, je cessai en général de réagir, d'essayer d'aider, et d'écrire des lettres aux journalistes ou éditeurs, comme je le faisais auparavant. Je l'avais fait des années et des années, je réagissais à chaque article sur Klaus, essayant de corriger et d'aider, mais – je le crains – sans grand succès. L'intérêt pour la musique de la plupart des rédacteurs – leur pensée et leurs écrits sur le sujet – n'est pas aussi étendu qu'il devrait l'être. Il en va de même pour le vocabulaire et les mises en pages qu'ils utilisent quelquefois, aussi bien que de leurs connaissances ou idées sur la culture en général, sans parler de leur connaissance de l'industrie musicale, de l'histoire de la musique, ou de toute autre musique que celle de leur cher T.D., KS, ou Jarre, ou autre. J'excuse tout cela si le journaliste a 17 ans, mais je ne peux pas le tolérer quand c'est un adulte. J'ai arrêté d'écrire et de proposer de l'aide, d'expliquer des choses… (Il y a des exceptions !)

Alors que la trilogie du Royal Festival I & II et The Dome Event faisait les gros titres, KS ne s'endormait pas sur ses lauriers. Il n'y peut rien, mais son studio et sa musique sont sa vie quotidienne. Il fit des musiques (bandes-son) pour la télé, et bien qu'on ne lui eût demandé que quelques secondes, il fit des heures et des heures de musiques diverses. En plus, il fit de la musique que l'on dit classique, il ne fit pas d'arrangements, mais joua les compositions originales de gens comme Bach, Brahms, Bartók, Schubert, Smetana, Beethoven, Mozart, et d'autres, complètement synthétisées sur ordinateur. Par ailleurs, il fit la bande originale d'un film français, Le Moulin de Daudet, et il fit des musiques pour un film allemand, mais le metteur en scène ne put payer la somme convenue, et KS récupéra ses bandes-son. Finalement, Klaus fit beaucoup de musique sans demander de cachet, pour une maison de soins pour aider les alcooliques.

Le contrat avec Virgin Records, quoique toujours valide pour encore quelques albums, fut résilié par E.M.I. KS n'était pas le seul artiste ou employé dont ils devaient se débarrasser d'une façon ou d'une autre, quand E.M.I. avala la compagnie chérie de Richard Branson. La plupart des hauts cadres de Virgin quittèrent volontairement le navire, et la moitié des employés de Virgin furent virés par le grand frère (big brother) E.M.I.. Les contrats de KS et d'autres artistes étaient probablement trop chers pour l'esprit mercantile d'E.M.I. Après s'être débarrassés du contrat coûteux mais toujours en cours de Klaus, ils lui en proposèrent un nouveau, mais avec des contreparties bien moins avantageuses.

Le sentiment d'avoir la liberté de faire ce que nous voulons est capital pour KS ainsi que pour moi. Nous pouvons réaliser notre idée d'un coffret de 10 CD, nous pouvons vendre une bande-son ici, une autre là… Pas de pression pour « faire le prochain album ». Nous apprécions les fruits de tant d'années de travail, sachant que nous allons aller de l'avant, fixant de nouveaux objectifs, essayant de nouvelles idées…

16 septembre 1993. Klaus est fier de ce qu'il appelle son « opéra », et j'en ai écouté la version finale il y a quelques jours. Peut être est-ce trop tôt pour donner une opinion honnête ? Il n'y a aucune similitude ni avec l'Orfeo de Monteverdi, ni avec Salomé de Strauss, ou rien entre (Mozart, Rossini, Wagner etc.). Pour Klaus, et pour une première tentative dans ce nouveau domaine, c'est bien. Mais je me demande si je l'écouterais une deuxième fois. Désolé, Klaus. Il me manque simplement dans Totentag tout ce qui est positif dans un opéra à l'ancienne : les beaux arias et duos, les thèmes musicaux qui viennent et sont répétés, les personnages doucement mis en place, une forme identifiable …À la place, Totentag est plein de tout ce que je n'aime pas dans l'opéra : les récitatifs et les parlandos. Il me manque aussi une vision scénique, une image.

Peut-être ne suffit-il pas de faire de la musique typique de Schulze et d'y ajouter des voix recherchées d'opéra ? Form ohne Gehalt ist Kitsch, Gehalt ohne Form ist Dilettantismus. Je ne sais pas encore que penser de la Gehalt (substance) de Totentag, mais il me manque certainement la forme. Peut-être est-ce un bon premier essai, et que la prochaine fois ce sera mieux. KS crée aussi tout cela pour apprendre et faire mieux la prochaine fois. En effet, il m'a dit combien il avait appris pendant le travail sur cet opéra et avec ces chanteurs. Ce qui fait au moins une chose positive dans tout cela. Et, j'ajoute, il devrait faire attention à avoir une meilleure « forme » la prochaine fois. Personne ne force Klaus à appeler quelque chose « ABCDE » mais s'il appelle quelque chose « ABCDE » cela doit avoir la forme d'« ABCDE ». (PS : en 2003 KS m'envoya trois CD-R avec un nouvel opéra de lui. Heureusement, il ne fut pas sorti).

Novembre 93. Notre Silver Edition sort. J'ai eu les 2000 coffrets avec 20 000 CD le 2 novembre, et les 4 et 5 novembre nous avons assemblé les coffrets et les avons envoyés, à environ un millier de clients qui nous avaient gentiment fait confiance et nous avaient payés à l'avance.

Silver Edition est une série de 10 CD, avec dix heures de musique nouvelle et jusqu'ici inédite de KS, et deux heures et demie d'enregistrements de vieux concerts de 1975 à 1977. En tant que toute dernière piste « bonus » sur le disque N°10, j'ai inclus le morceau collector Land datant de 1972 dans une version différente (en fait, plus longue). Nous avons gardé le secret de l'ajout de Land dans notre promotion en amont. (Tous les autres font de la promotion de la manière habituelle : tout promettre, pour finalement donner juste la moitié. J'aime travailler de l'autre manière.)

L'énorme succès du coffret dépassa mes espérances au début de 1994. Les réactions étaient fantastiques (Merci encore, à tous !). Nous avions déjà eu de très bonnes critiques avant, et je me souviens des lettres et des articles enthousiastes à propos des trois derniers CD, les Royal Festival Hall 1 et 2, de même pour The Dome Event. Mais maintenant, le coffret de dix CD Silver Edition fait encore mieux. Un fan d'Amsterdam dont je tiens généralement les opinions en haute estime, compara KS à Dieu « si » il devait croire en Dieu. Grâce à ce même tout-puissant, cet ami sait s'exprimer si bien que cela n'était pas difficile à entendre mais semblait juste honnête. Silver Edition est un succès artistique. J'en suis fier. Fier de l'idée, de mon travail. Et je suis reconnaissant à Klaus de m'avoir laissé faire les choses à ma façon, …et enfin et surtout, d'avoir fait toute cette musique ! Bien sûr il y en a toujours un ou deux qui ont besoin de trouver des petits défauts même dans ce merveilleux coffret de 12 heures et demie de musique, qui musicalement est proche de la perfection. Leur esprit chagrin, leurs jugements illogiques, une sorte de conflit d'égo, tout cela les conduit à faire des insinuations malveillantes à propos de petits détails, qu'ils ne verraient pas, n'entendraient pas et sur lesquelles ils n'écriraient pas s'il s'agissait des disques d'autres artistes ; ils font ça uniquement avec les albums de KS. C'est psychologiquement des plus intéressant : ils semblent considérer KS comme une sorte de propriété privée ?! Tant que Klaus fait ce qu'ils veulent, pas de problème. Dès qu'il fait les choses à sa manière (ce que KS fait toujours, c'est seulement par hasard que les deux goûts coïncident), et que cela ne rentre pas dans leur vision des choses, il est critiqué. Ils font rarement cela avec des gens comme Vangelis ou Jarre, peut-être parce qu'ils n'ont jamais eu de contacts personnels avec eux. Mais KS leur « appartient », ils ont pu réellement le toucher ou lui parler de nombreuses fois, ils ont vu que KS est un être humain normal comme eux-mêmes, et donc ils le traitent comme un de leur petits copains. Ils ne peuvent pas imaginer que KS est un homme amical et poli quand il rencontre des gens, mais qu'il vit dans un monde (musical) différent. Faire de la musique est son métier, avec toutes ces phases de changements, et ce qu'il fait musicalement compte beaucoup pour lui. La musique est sa vie, contrairement à la vie de ces commentateurs ou commentateurs à mi-temps, ou fans. Pour eux c'est juste un passe-temps plaisant. Ils vivent principalement dans le passé, dans les souvenirs de leur jeunesse, quand ils entendirent pour la première fois Timewind ou "X" ou autre ; mais pour Klaus seul compte le présent, et le futur. Les fans et les commentateurs ont leur collection de disques, KS a sa vie.

Bien sûr il y a des choses que l'on pourrait critiquer à propos de la musique, sur le packaging de la musique, à condition d'avoir plus de connaissances sur la musique, les visuels, la grammaire ou d'autres choses. C'est rarement le cas, malheureusement… Le fait est qu'ils s'occupent surtout des mauvais sujets, et passent à côté des bons.

Il y en a quelques-uns qui savent, et qui sont capables de l'exprimer, et il y en a d'autres – s'ils ignorent quelque chose – qui se tiennent tranquilles, parce qu'ils sont capables d'imaginer qu'il y ait quelque chose qu'ils puissent ne pas comprendre… J'aime et je respecte ceux-là, parce qu'ils montrent de l'amour et du respect pour le soin et l'honnêteté du travail des autres. Merci à vous.

Ce qui précède ne sont pas des idées spontanées datant d'aujourd'hui. Je lis, étudie, aide, écris pour, m'inquiète et médite à propos de beaucoup de magazines et fanzines musicaux (M.É. ou autres) depuis plus de vingt ans. Depuis quelques années, depuis l'émergence de tous les nombreux successeurs de musique électronique, médiocres musicalement, la qualité des articles baisse. Même quelquefois, le « journaliste » fait sa propre musique électronique, et a des bonnes critiques de la part de son collègue, qui fait aussi sa propre M.É. – en retour, le premier écrit positivement sur le second… Et les deux crachent sur les noms connus, « célèbres ». Oui, ces choses arrivent vraiment. Vous voulez des noms ? Regardez, par exemple, le fanzine français Crystal Infos, ou quelques programmateurs américains de radio…

Comme je l'ai dit dans une interview, c'est très agaçant pour KS et moi, lorsqu'un critique compare un joueur de M.É. amateur avec un maître et inventeur tel que Klaus Schulze. C'est encore plus le cas, si une oreille attentive et aguerrie peut entendre que cette musique d'amateur en question est mal produite, jouée de manière ennuyeuse, et qu'elle copie une copie, d'une copie de, disons, Phaedra, ou Moondawn.

L'imitation semble être faite dans la plupart des cas de manière inconsciente, dans une sorte d'honnête naïveté. Quand je parle à ces musiciens, ils dévoilent en général une absence de réflexion sur ce qu'ils font, ce que à quoi ne m'ont pas habitué mes conversations avec des vrais artistes. J'ai posé à ces musiciens amateurs des questions simples, mais basiques, sur leur musique ainsi que vis-à-vis de leurs disques, et ils ne savaient pas de quoi je parlais (Quelle vision avez-vous ?Moi ? Une vision ??). Pas étonnant que tous leurs disques et leur musique sonnent pareil. Ils ne savent pas grand-chose sur le passé de la musique, et il n'ont pas vraiment une vision du futur. Ils manquent beaucoup de fantaisie imaginative et de courage. Ils savent rarement quoi que ce soit sur les théories musicales, ils ne savent souvent même pas qu'une panoplie de telles choses existe. Tout ce que je viens de dire convient aussi bien pour la plupart de ceux qui écrivent dans les fanzines… Et puis c'est tout !

Avril 1995. Il y a quelques mois j'ai produit un autre coffret, Historic Edition. Il ne contient que des vieux concerts et enregistrements studio de Klaus, issus des nombreuses vieilles bandes qui sont entreposées dans ma chambre à coucher. J'ai assemblé ces 10 CD en novembre 1994. La personne que j'avais choisie comme label pour ma Silver Edition, s'avéra ne pas être fiable. Pour le nouveau coffret de 10 CD, Historic Edition, j'ai demandé à Mario Schönwälder, s'il voulait être le label de disques (et il a dit : oui bien sûr).

Maintenant, bien des mois plus tard, je peux dire avec reconnaissance que prendre Mario fut une bonne décision. Je n'ai pas besoin de lui expliquer beaucoup de choses. Il a du neurone et a de l'expérience dans la vie, et quelques bonnes idées à lui. Il est rompu à l'indispensable travail de bureau. Il est sérieux. Je peux finalement me concentrer sur la production des disques. Toutes les nombreuses choses que je devais faire dans le passé à cause de la lenteur insupportable et de la sottise de mon précédent associé, ont disparu. Mario en fait beaucoup plus, et il le fait de manière plus précise et au bon moment. Ce qui conduit finalement à moins de travail pour chacun de nous. (Post-scriptum : nous sommes maintenant en l'an 2000 et nous avons sorti d'autres albums exclusivement avec Mario …et la bonne opinion que j'ai de lui se maintient).

Le succès de l'Historic edition est aussi important que celui de la Silver Edition. Même si beaucoup préfèrent les enregistrements historiques aux nouveaux titres de la Silver Edition. Le coffret est maintenant presque épuisé, et jusqu'à ce jour, je n'ai eu que des réactions très positives. En plus, il s'est vendu plus vite que le premier coffret.

Une histoire intéressante au sujet de l'Historic Edition : Beaucoup de fans réclamaient depuis des années l'enregistrement du concert de 1977 à la cathédrale Saint-Michel de Bruxelles. Bien que j'aie un enregistrement professionnel sur bande avec un morceau de celui-ci, et des cassettes avec l'enregistrement de ce bon concert, malheureusement j'ai dû me rendre à l'évidence que la bande d'origine présente des distorsions, et que les cassettes ont un son vraiment trop mauvais. Par conséquent, j'ai demandé à la radio belge qui avait enregistré ce concert, s'ils avaient et pouvaient nous donner une copie de la bande. Oui, ont-ils dit, mais ils ont demandé beaucoup d'argent et proposé un contrat rigide. Très bien, je l'ai fait. C'est littéralement à la dernière heure, pendant le mastering des 10 CD à Hambourg, que nous reçûmes par coursier la copie DAT de Belgique. Malheureusement, un morceau avait la même distorsion que sur ma bande originale. Le plus long morceau était correct à l'exception d'un bruit de 50 Hertz gênant pendant la partie douce à la fin. Dieu bénisse Peter Harenberg à Hambourg qui put retirer ce bruit de 50 Hertz indésirable, et j'ai pu inclure ce long morceau sur le disque N°1 de notre Historic Edition. Pour cela j'ai dû laisser de côté deux titres déjà préparés : un que je n'aimais pas autant que les autres ; et un que KS n'aimait pas. (PS : Je les ai inclus dans notre coffret suivant : The Ultimate Edition)

KS n'était pas présent pendant les deux journées de mastering à Hambourg. Il a juste été là pour une heure ou deux, puis il est rentré chez lui parce que sa mère âgée avait eu une crise cardiaque, et qu'il voulait rester avec elle.

Un an plus tard, en février 1996 : La sympathique mère de Klaus a fêté son 73ème anniversaire. Et Klaus vient juste de reconstruire son studio et il va commencer à travailler pour un nouvel album solo…

Toujours en février 1996 : j'ai trouvé un petit morceau de papier sur lequel est écrit : Post-scriptum pour KS story. Hambühren : Harzer Käse in Bratpfanne + Lieblingsessen Spaghetti mit Tomatensosse. Nie abgewaschen ! Ce qui veut dire : pendant les années 1975/1976, quelquefois Klaus aimait faire frire un fromage allemand puant – « Harzer » – dans une poêle !!! Je ne pouvais pas le supporter parce que toute la maison puait pendant des heures. En plus, il ne nettoyait jamais la poêle à frire, sale et collante après ce « repas ».

À côté de cette lubie gustative de KS, notre plat préféré était les spaghettis à la sauce tomate. Si je compare la façon dont nous les faisions avec la façon dont je les fais aujourd'hui… oh mon Dieu – comment pouvions-nous manger ça à l'époque ?…

L'histoire de KS continue…

Klaus Schulze avec kdm 1996

(First translation from the original English text by Dominique Bénet in August 2007, revision and second translation by Aurélien Coudurier in May 2016. Merci à tous les deux!)

© 1997 Klaus D. Mueller, Berlin

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